Monday, November 17, 2014

Priez pour nous pauvres pêcheurs !

Non, ce n'est pas le cri dans la nuit de candidats à la traversée océanique. Nous ne vous demandons pas amis lecteurs de sortir vos cierges, amulettes et autres poupées vaudou pour invoquer les éléments. Il s' agit simplement d'un petit article qui aurait aussi pu s'appeler : "la pêche pour les nuls" avec les infos de base que l'on aurait aimé lire avant de partir.
Une fois de plus ce n'est certainement pas académique ni puriste mais uniquement ce que l'on a pu compiler depuis ce bout de route.

Tout d'abord, nous avons commis l'erreur d'acheter du matériel en France avant le départ.  Au mieux, c'est le bon mais trop cher. Au pire, ce n'est pas adapté et cher aussi ! Bref, à tous les coups on gagne pas !
Notre conseil : gardez le budget et faites escale à Santa Cruz de Tenerife. Vous y trouverez un accastilleur très bien achalandé "La Marina" (en face de l'auditorium).


Hameçons, fils, leurres....sont à des prix très intéressants et correspondent aux besoins de la vraie pêche en mer. Et si vous y rajoutez une halte au Décathlon de la Laguna votre équipement sera au complet à moindre frais. Vous y verrez le prix de certains articles comme les moulinets Penn divisés presque par 2.


Avant notre départ de La Rochelle,  notre ami et expert pêcheur Thierry avait pris pitié à la vue de notre matos made by Playmobil. Il nous avait offert THE moulinet un Penn Senator 6. Pour les novices comme nous, c'est la Rolls des moulinets ! La prunelle de nos yeux ! Nous l'avons monté et laissé "tremper" notre appât pendant des miles et des miles....mais aucun poisson dépressif n'est venu se suicider sur notre hameçon.  Enfin si, un en arrivant aux Canaries ! Mais notre inexpérience doublée de notre impatience ne nous ont pas permis de le remonter. On vous raconte pas la déception le repas suivant devant notre salade de riz...et les visions salivantes de carpaccio et de filets de poisson au lait de coco.

Force est de constater que les premiers miles sur un bateau neuf ne sont pas le meilleur moment pour s' initier à la pêche.  Trop absorbés par nos navigations et nos manoeuvres,  nous avons  misé sur le facteur "chance du débutant". C'est officiel : ce n'est pas suffisant. 
Lors de l'escale aux Canaries, il fallait que l'on comprenne le pourquoi du comment !
Et pour ça rien de mieux que les échanges avec les bateaux copains ! On est vite arrivés à la conclusion que nous n'étions pas un cas isolé et que beaucoup d'équipages étaient toujours bredouilles. Ça ne fait pas avancer votre schmilblick mais cela fait du bien. ;-)
La rencontre avec le capitaine/pêcheur de Marie Galante un bel OVNI 43, aura été hyper enrichissante.  Merci Mich' pour le temps passé à nous montrer, à nous expliquer, à nous apprendre les noeuds, à échanger des leurres et un grand merci pour le montage "modèle" offert. Rdv au Cap Vert ou aux Caraïbes pour la comparaison de nos tableaux de pêche !


Si l'on cherche à résumer le matos important et nécessaire à bord :
- de bons moulinets (Penn Senator 4 & 6 par exemple)
- des leurres type calamars et poissons de toutes tailles et de toutes couleurs
- des plombs pour lester les leurres
- des hameçons doubles en inox
- du fil acier pour les bas de ligne

Ensuite, il est préférable et plus économique de monter ses lignes en ayant acheté les éléments individuellement. L'atelier ressemble un peu à une activité loisirs créatifs pour hommes où tels les ateliers perles il est question d'ordre, de couleurs, de noeuds, de fils... De vrais petits artistes nos capitaines ! Attention, nos Cap ne font pas qu'enfiler des perles !

Autre point important : refaire les bas de ligne des appâts achetés montés.  En effet,  à la vue du fil fourni, il semble que les fabricants de ces produits aient basé leurs conceptions sur le fait que seuls les poissons édentés mordaient.
Lorsque l'on voit les mâchoires d'une dorade ou d'une bonite, on se dit que le malheureux fil nylon a peu de chance de résister à moins qu'elles aient retirer leur dentier pour l'occasion.  De même les hameçons doivent être doubles pour assurer une bonne prise.
Compte tenu des prix unitaires,  il est important de minimiser la casse et les offrandes à la mer.

Nous sommes à présent hyper super extra équipés...y'a plus qu'à....
Promis,  on publiera les photos des prises.  Si prise il y a !
Dans le doute, l'avitaillement est en cours.


Ah on oubliait, les bonites aux Canaries sont à moins de 3€ le kilo sur les marchés. Il nous tarde d'avoir rentabiliser notre matériel...
Sur ce thème le volet rapport performance/prix reste encore très abstrait mais est ce vraiment le but ?
Imaginez le plaisir d'entendre le moulinet siffler, de voir la canne se plier, de sentir son coeur s' accélérer pour in fine déguster le fruit de notre pêche en navigation ou à l'escale. Cela n'a pas de prix ou plutôt on ne compte pas.
A chacun son violon d'Ingres...

Saturday, November 15, 2014

Et la lumière fut

Lors du dernier article MOB,  nous avions fait part de notre regret quant à l'absence de lumière flash associée à nos Lifetag.
Nous avions décidé de faire reprendre du service à notre vieille lampe à éclats. Et puisque nous n'en avons qu'une de le jouer "passage de témoin" dans la course de relais qu'allaient être nos quarts.
Il fallait se rendre à l'évidence après le xème quart de la xème  nuit le flash avait toute les chances de ne plus faire partie du jeu.
Nous sommes donc partis farfouiller dans le monde merveilleux des shipshandlers. Ces espaces magiques d'où l'on ressort toujours avec un truc "génial" pour le bateau. ..alors qu'on était juste entrer pour jetter un coup d'oeil. Dans notre cas ceux sont plutôt les euros que l'on jette chez eux...mais on est un peu maso, on aime ça !
Nous voilà donc partis à la recherche d'une petite soeur à notre lampe. A défaut de spot orange,  nous avons trouvé le Graal!



Hyper compact et à déclenchement automatique à l'immersion,  nous avons trouvé la lumière de nos rêves.  Et à 13€ pièce, nous sommes repartis avec 2 ... plus quelques bouts et autres bricoles (quand on vous parlait de l'effet shipshandlers...).




Plaisanteries mise à part ces Lifejacket Light : Safelite II produit par Lauzas sont exactement ce qu'il nous fallait.


Seul hic, il va faloir maintenant trouver un nouveau jeu au passage des quarts...

Tuesday, November 11, 2014

MOB

MOB (en langage terrestre) : engins à 2 roues que vous trafiquiez messieurs pour nous impressionner....si, si on en connaît.

MOB (en mode nautique ) : signifie Man Over Board ... soit Homme à la Mer. C'est nettement moins fun du coup.
Rassurez vous, ce n'est pas la réaction des capitaines suite aux MALC du bord (voir l'article Women in nav plus bas).
Il s'agit bien au contraire d'une situation grave et dangereuse qu'aucun équipage ne souhaite vivre.
De nombreux marins même galonnés ont malheureusement été confrontés à ces accidents avec les fins tragiques que l'on connaît. Certains ont eu beaucoup de chances et on pu être sauvés grâce à un téléphone portable ou du matériel adapté.

Entrant dans la phase active de préparation de la transat, nous commençons aussi à preparer les éléments de sécurité comme le "sac de survie" et checker tout le matériel.


Nous avons à bord 2 bracelets lifetag Raymarine en liaison avec une centrale installée à la table à carte et reliés aux afficheurs du bord (lecteur de carte, repetiteurs...). Nous avons profité de l'escale pour tester le fonctionnement. L'alarme s' enclenche après 10 secondes d'immersion.  Au sûr, compte tenu des décibels,  l'équipièr(e) restant à bord sera réveillé.
Associé à l'électronique Raymarine, on visualise très vite : le point de chute enregistré automatiquement, le cap retour à prendre ...
Les bracelets sont compacts et légers. Ils peuvent aussi être fixé sur le gilet. La décision est prise : nous les porterons pour la transat.



Notre seul regret est qu'ils ne soient pas équipés de flashs lumineux pour faciliter la localisation de nuit. Nous avons bien une lampe à éclats que nous attacherons aussi au gilet by night.


Mais bon, équipes de Raymarine cela faudrait peut être le coup de se pencher sur l'idée. Cela éviterait de ressembler à un sapin de Noël lors des quarts.

D'ailleurs en discutant de ce point avec le charmant équipage de Carabosse, Jennifer & Guillaume nous ont montré leur MOB. Et là, on a été séduit.  Il s' agit d'une balise de detresse individuelle wamblee W420. Elle contient un gps, un eclairage Led et surtout elle envoie le signal MOB par AIS/VHF. Tout bateau dans le secteur d'émission/réception recevra le signal de detresse. Cet équipement est relativement compact, autonome et peut être embarqué quelquesoit la marque de l'électronique du bord. Et puis, si on change de bateau, le wamblee suit. Nous aimons bien ce type de solutions "sioux". Dommage ... connue trop tard.

Le but reste tout de même de ne jamais avoir à utiliser ces équipements. Cependant,  un équipage averti et vaut deux.

Monday, October 27, 2014

Canaries, côté mer

Les Canaries, c’était jusqu’à présent pour nous le « détail » sur la route transatlantique. Un point de passage obligé et certainement agréable à mi-chemin avec les Caraïbes, limite on vit déjà en mode caribéenne mais pas une fin en soi.


Et bien, nous nous étions trompés. Ce n’est pas cela ! Il s’agit d’un vrai « continent » à part à entière riche en panoramas spectaculaires et en culture insulaire hispanique attachante. Mais aussi une étape de navigation nouvelle. Déjà pour les atteindre !! On rentre dans la cour des grands et on se sent petit au début face à cet Océan et cette Houle. Rassurez vous ce n’est pas catastrophique et on s’y fait très bien. C’est juste assez nouveau. Pour avoir échangé avec pas mal d’équipages ici, nous avons pu remarquer que nous étions tous arrivés à la même conclusion :
Les Canaries, ça se gagne !

Arrivée sur La Graciosa

Vent vrai : 32 noeuds ;-)

On comprend mieux à présent pourquoi des bateaux ou des équipages mal préparés arrivent ici et arrêtent là leur programme de navigation. Il faut vraiment embarquer à bord des personnes sensibilisées et qui ont envie de cette aventure car il peut y avoir des journées un peu rockn’roll.
Le trip : Tiens, cet été j’approche le bateau aux Canaries pour qu’il soit près pour la transat en novembre. J’embarque les couples d’amis non préparés qui s’imaginent en mode la croisière s’amuse  avec des plages cocotiers à l’arrivée…
On déconseille fortement !! Ne vendez pas ça à vos équipiers !!

« Situées autour du 28° Nord, baignées par le courant éponyme et soumises aux alizés de Nord Est, les îles des Canaries jouissent d’une température moyenne annuelle de 25°C dont les variations excèdent rarement les 5°. Cet archipel est surnommé les îles de l’éternel printemps ». C’est sûr vu de ce côté-là, ça ne peut être que le top, ici.

« Les paysages côtiers à l’approche par la mer alternent entre plages de sable blond, de sable noir, de galets et aussi des affleurement de roches volcaniques et des abrupts qui découpent l’horizon »
Impeccable, on va se faire de beaux mouillages sauvages.

Loin des clichés des Tour Operators, qui d’ailleurs opèrent principalement dans les villes/hôtels parsemées sur chaque île qui ressemblent plus à un décor Disney qu’aux villages canariens, nous avons découvert un bassin de navigation beaucoup plus subtil et capricieux que nous l’attendions. En effet, du fait des reliefs intérieurs culminant souvent assez (voire très) hauts ainsi que du caractère sombre des roches, des phénomènes d’accélération du vent sont réputés sur tout l’archipel. On ne parle pas des traditionnels effets dans les chenaux inter-îles mais vraiment de phénomènes caractéristiques à certaines zones. On a testé pour vous à plusieurs reprises : la prise d’un ris avant d’arriver dans ces zones s’avère fort efficace !


Prenez l’exemple de Lanzarote : navigation tranquille vers le Sud sur la côte Est. Un petit vent doux, régulier et au portant 15/20 Nœuds, bien quoi ? C’est sans compter sur l’effet de début d’après-midi d’Arrecife et son caractéristique vent de terre plus ou moins fort pendant quelques heures. On s’est donc retrouvés avec des rafales assez subites d’une bonne trentaine de nœuds. De même dans le canal entre Lanzarote et Fuerteventura, Ti’Amaraa a surfé avec des rafales à plus de 40 nœuds. On se serait presque crus de retour dans le golfe du Lion.
Autre exemple, pour remonter du sud de Gran Canaria vers Santa Cruz de Tenerife, un capitaine de ferry à donner le tuyau à des amis qui devaient faire ce tronçon pour éviter les zones les plus critiques : longer la côte ouest de Gran Canaria jusqu’à Puerto San Nicola, puis traverser vers Tenerife direct sur le pointe d’El Socorro pour ensuite remonter sur Santa Cruz en longeant les côtes.
Dans tous les cas, il faut bien sûr prendre sa météo et en particulier sur des sites locaux tels que sail.meteosim.com qui prennent en compte les spécificités de leurs îles, leurs effets de côtes avec de fortes accélérations et s’avèrent assez redoutables de précision.

Les zones noires et grises étant à plus de 40 noeuds

Et les mouillages ?
Le projet de passer ici vos nuits dans de jolies baies doit rester assez limité. La nature des fonds varie mais on tourne surtout sur des pierres, des blocs volcaniques. Il y a bien sûr quelques fonds de sable mais ils restent assez rares. De plus, ils sont souvent assez rouleurs du fait de la houle océanique qui règne dans le bassin de navigation.
Le mouillage de la Playa Francesa à La Graciosa restera pour nous le meilleur et le plus beau mouillage des Canaries, et ce, même si on a pris plus de 40 nœuds pendant 3 jours consécutifs.

THE Mouillage !!!
Nous avons aussi passé une belle escale à Arrecife sur corps mort derrière la jetée du petit port de pêche. Voici le point GPS : 28.57.2077 N / 13.32.9875 O. Cette zone est identifiée comme mouillage sur les cartes. Nous avons essayé d’y planter notre Delta 32 kg à plusieurs reprises. Rien à faire. Les blocs ronds volcaniques roulent au fond et ça ne tient pas du tout ! C’est grâce à Mat un franco-polonais sur corps mort depuis 2 ans que nous avons eu l’info qu’ils étaient disponibles et gratuits. Il est vrai que la malheureuse frite de pataugeoire jaunâtre qui flottait ne nous tentait pas trop à l’accroche. Il nous a assuré que c’était un super corps-mort. Il avait raison. La confiance n’excluant pas le contrôle. Le Cap’ a plongé pour vérifier la taille des blocs. Effectivement, Madame frite était reliée à 2 énormes blocs de béton. On a dormi sur nos 2 oreilles. Et beaucoup plus au calme qu’à la marina d’Arrecife éternellement en travaux depuis de nombreuses années….et fort chère.

Arrecife sur corps mort

On était le seul bateau de voyage


Parlons des ports ?
Chaque île en propose plusieurs. Il y a deux catégories. Ceux qui sont en gestion publique (municipale) comme à Las Palmas où nous avons payé 13€/nuit (eau, élec, wifi compris). Et ceux qui sont en gestion privé où les prix, la qualité des services et la possibilité de rentrer en cata varient beaucoup. Nous avons testé la marina Rubicon à Lanzarote et Santa Cruz à Tenerife. Elles sont toutes les 2 aux alentours de 30€/nuit pour le Lagoon 39 avec eau et elec. Le Wifi est une bête curieuse qui  joue souvent la fille de l’air dans ces marinas. Soit les places sont trop loin du hotspot (d’où l’achat des antennes) soit dans certaines marinas comme à San Miguel (Tenerife) il faut aller au café du coin…

Ti'Amaraa arrivant à la marina Santa Cruz de Ténérife

Marina Rubicon Lanzarote

Muelle Deportivo Las Palmas Gran Canaria

D’une manière générale, en catamaran, il faut bien se renseigner voire réserver avant sa place car certaines petites marinas ne disposent que peu de places pour multicoques (comme Puerto Mogan à Gran Canaria). Préparez vous aussi dans ces petits ports à l’escal...ade.
Oui, oui, vous avez bien lu. Les places cata sont souvent contre les quais bétons et avec les amplitudes de marées ça donne ça pour aller à terre … expérience vécue par nos amis avec leur Lagoon 450 à Puerto Mogan (merci pour les photos)

Marée haute : jusque là tout va bien


Marée basse ... No comment :-)

Nous n’avons bien entendu pas fait escale dans toutes les îles, ni tous les mouillages, ni tous les ports. Il ne s’agit que de notre vision partielle de l’escale aux Canaries. Nous avons beaucoup aimé cette escale même si Ti’Amaraa a dû y attendre sagement au port le retour des alizés, et la disponibilité de l’équipage. Venez aux Canaries et si vous pouvez prévoyez d’y rester un peu. Il y a tellement d’îles et de beauté à découvrir. C’est fort dommage de ne les voir que comme une escale technique éphémère avant de traverser. Mea Culpa !


A suivre, un article Canaries côté terre (comme d’hab) avec là aussi nos impressions sur les sites que nous avons vu . Et pour ménager le suspens nous ne dirons qu’un mot :  Waouuuuu

Wednesday, October 22, 2014

11 000 litres

Non, ce n'est pas le stock d'avitaillement en liquides en tout genre, ni le niveau de production du dessal ... Ceux sont les abats d'eau que nous avons pris en une seule après midi bien amarrés à Santa Cruz de Tenerife il y a quelques jours.



Une bonne semaine que les gribs et autres prévisions météo annonçaient une journée grise et pluvieuse, mais personne ne s' attendait à ce déluge.
En une demi-année c'était les premières pluies pour Ti'Amaraa, et pas des moindres : plus de 140 litres aux m², plus de 2 000 impacts de foudre, électricité coupée pendant des heures dans toute l'île... À côté le test en piscine et jets d'eau de l'usine Lagoon de Belleville fait mine de pipi de chaton. On confirme nous sommes étanches ! Test Waterproof : OK !!

Notre cata a dansé la lambada pendant 2 jours du fait de la houle de sud assez violente qui entrait dans le port. Déambuler sur le ponton laissait une sensation étrange de retour de soirée trop arrosée, de vrais montagnes russes.
Quand la pluie s' est enfin calmée,  nous sommes tous sortis de nos cockpits tels des suricates curieux.  L'eau du port était proche d'un fleuve amazonien charriant troncs, déchets et autres objets non identifiés. Une forte odeur de terre envahissait la marina. On s'est checkés les bateaux mutuellement. Puis est venu le moment de l'entraide entre capitaines : ajuster une amarre, s' occuper d'un bateau non occupé...Quelle belle solidarité !
Bon voilà,  ça s' est passé. La nuit restera houleuse mais rien de bien méchant.





Ce n'est que le lendemain matin en allant faire nos courses dans Santa Cruz que nous réalisons l'ampleur des dégâts à terre. Les torrents de boue dévalant des montagnes ont investi toutes les rues. Les maisons, les commerces sont inondés.  Les belles plantations littorales sont déracinées. Notre plage préférée Las Terecitas est massacrée. Nous nous éclipsons pour ne pas jouer aux mauvais badauds. La détresse des autres ne nous amuse pas du tout.

Samedi après-midi ...

Samedi après-midi ...

Lundi matin ...

De retour à la marina,  un voisin nous apprend que la foudre est tombée sur un bateau dans la darse du nord, qu'il n'y avait personne à bord...et que le bateau a brûlé... La darse du nord !! C'est justement là que nos amis ont laissé leur cata le temps d'un séjour en France !!!
On saute dans le premier bus pour la Darsena Pesquera. Et ouf, Milpat est sain et sauf.
L'incendie a eu lieu quelques metres plus loin. Contre toute attente c'est une vedette de 12 mètres et non un voilier qui a été foudroyée et totalement calcinée. Il ne reste plus que le fond de coque et les moteurs. Ça fait froid dans le dos...

Nous suivons à présent cette dépression de près car elle pourrait prendre le chemin des Antilles. Nous avons une pensée pour nos amis navigateurs déjà là-bas et en particulier pour Timacle qui panse ses plaies suite au passage du cyclone Gonzalo.

Merci à tous pour vos messages. Ne vous inquiétez pas. Tout va très bien à bord. Ti'Amaraa est très bien rincé.




Monday, August 25, 2014

L'assiette americaine de Blandine (Atlanta)

Au début, il était simplement question de meringues. C'est vrai, ça, où trouver des meringues déjà prêtes aux Etats-Unis ? A la manière d'une bonne élève fière de connaitre la réponse à la question du maître, j'ai répondu au message de Blandine quelques secondes à peine après l'avoir lu. Des meringues, il y en a chez Trader Joe's, dans des containers en plastique transparent au-dessus des légumes surgelés (normal), ainsi qu'au rayon boulangerie de chez Whole Foods, emballés dans des sachets de cellophane (elles ont d'ailleurs l'air dangeureusement gourmandes). L'histoire ne dit pas si Blandine a trouvé les meringues mais, après avoir échangé quelques messages avec cette jeune femme, j'ai eu très envie de faire sa connaissance autour d'une tasse de thé (bien que, soyons honnêtes, je carbure surtout aux lattes en ce moment). A défaut de pouvoir aller lui rendre visite à Atlanta, où elle vit aujourd'hui, je l'ai invitée à partager le contenu de ses valises avec nous. Je vous préviens, c'est une vraie gourmande !



Peux-tu te présenter en quelques lignes ? Depuis combien de temps vis-tu aux Etats-Unis ?

 Je suis née à Lyon et y suis restée jusqu’à la fin de la première partie de mes études. Lyonnaise dans l’âme (les vacances se passaient été comme hiver à la montagne), mais avec du sang du sud-ouest qui coule dans les veines. Ma mère est du Tarn et mon frère, ma sœur et moi avons passé beaucoup de temps dans cette très belle région où nous continuons de nous rendre chaque année. J’ai été donc très influencée par la cuisine de ma mère et de ma grand-mère qui préparent tout à l’huile d’olive et à la graisse de canard. Ma famille maternelle fait elle-même ses foies gras chaque année (en grosse quantité). Parmi les souvenirs d’enfance figurent le saigneur qui venait à la ferme tuer le cochon, les bassines de sang dans le réfrigérateur pour faire le boudin, et les fouasses dont on s’empiffrait avec les cousins (et qu’on continue de dévorer quand on se retrouve chaque année à la ferme de ma grand-mère). Je suis ensuite partie pour Clermont-Ferrand et deux ans plus tard je me suis rendue à Georgia Tech pour achever mes études en 1997. Mis à part 6 mois de travail à Los Angeles l’année suivante et un retour de 6 mois en France en 1999, je suis donc en Georgie depuis 17 ans.

D'un point de vue gourmand, qu'as-tu trouvé difficile en t'installant aux U.S.A. ?

En tant qu’étudiante et avec un budget limité, j’ai survécu un bon bout de temps grâce aux Ramen Noodles (no comments). Il m’a fallu du temps pour comprendre que si je ne finissais pas mon assiette, ce n’était pas mal poli. L’adaptation aux portions américaines fut un peu longue. Une fois entrée dans la vie active, peu de choses m’ont manqué. Atlanta offre l’avantage d’avoir de très nombreux restaurants, d’excellents chefs et une variété de cuisines incroyable grâce à la présence de fortes populations immigrées venant d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe et d’Afrique. Les Farmer’s Markets de Buford et Dekalb sont exceptionnels. Je trouve plus de choix en fruits et légumes qu’en France. Certes, pas de foie gras et de magret de canard au quotidien, mais mon alimentation a considérablement changé en 20 ans. Je mange beaucoup moins de fromage et de viande, et les bonnes choses du sud-ouest sont maintenant réservées à mes retours en France (et elles n’en prennent que davantage de saveur). Donc rien de bien difficile, je me suis adaptée.


Où fais-tu aujourd'hui tes courses ? As-tu découvert des produits dont tu ne peux désormais plus te passer ?

Je me rends dans plusieurs magasins en fonction des besoins : Whole Foods, Trader Joe’s, Kroger et Publix de temps en temps, et le Buford Farmer’s Market où j’achète tous mes produits frais. J’ai aussi une carte à Costco, mais j’y achète peu de produits alimentaires. Les produits découverts aux USA (mais pour certains disponibles en France) dont je ne peux plus me passer : le kale que j’aime préparer en salade avec une sauce au gingembre, le butternut squash que je ne mangeais pas avant en France, les délicieuses amandes recouvertes de chocolat et de sel de Trader Joe’s (et que je ramène en France pour des amis et la famille), les cheesecakes (en modération, mais j’adore), les glaces de Bruster’s, les panais que j’aime énormément cuisiner, les acorn squash (farcis au four), les Reese’s pieces, les sweet potatoes dont je ne me lasse jamais, et tant d’autres…

 
Et quelles gourmandises glisses-tu dans ta valise après une visite en France ?

Bon, je sais que ce n’est pas autorisé, mais j’ai souvent ramené du foie gras fait maison de France et je ne me suis jamais faite coincée. Cela fait deux ans que je ne l’ai pas fait car j’ai remarqué qu’il y a de plus en plus de chiens furetant aux douanes d’Atlanta…

Sinon je ramène à chaque fois des confitures faites maison de ma mère (figues/noix, citron/pastèque, fruits rouges, roses - du jardin-, j’ai une maman connue et reconnue pour son talent et sa passion des confitures), beaucoup de chocolat (bien que je sois à présent Américaine, je n’ai toujours absolument aucune appréciation pour le chocolat Hershey que je trouve immangeable), des tartelettes Bonne Maman au chocolat au lait et sel, des galettes et des palets bretons, de la moutarde en grains, des pâtes feuilletées (que je mets immédiatement au congélateur en arrivant). Se glissent parfois d’autres friandises (toujours très appréciées de mes amis américains) et autres spécialités françaises (saucisson…). A Noël se rajoutent les chocolats, truffes et orangettes de ma mère faits maisons qui sont divins et qui sont attendus également par mon social circle à Atlanta. Je limite depuis quelques années, mais il fut un temps où j’avais plus de 20 kg de nourriture dans les valises… ! (et un miracle, la seule chose qui m’ait jamais été confisquée furent des graines de tulipes achetées à l’aéroport d’Amsterdam). J’apprécie pouvoir ramener tout cela, mais si cela n’était pas possible je pourrais tout de même survivre sans.


Un mot pour finir ?

Je tiens à remercier Estelle pour son blog. J’aime beaucoup lire ses expériences culinaires et j’essaye ses recettes régulièrement. Plusieurs figurent dans les plats que je cuisine le plus souvent pour les amis. J’ai imprimé il y a des années de cela son petit guide de survie alimentaire aux Etats-Unis. Il m’est extrêmement utile et c’est la première chose que j’ai envoyée à une de mes cousines quand elle a déménagé avec son époux et leurs 4 enfants de Paris à San Francisco. Et puis un énorme merci pour ta disponibilité Estelle. A deux reprises je me suis permise d’envoyer un email avec une question et j’ai beaucoup apprécié le fait que tu répondes aussi gentiment (et rapidement en plus !).

Oh, Blandine, tu me fais rougir ! Merci à toi de t'être livrée au jeu de l'interview, tes valises de 20 kilos remplies de gourmandises me font rêver,  je regrette vraiment de ne pas vivre plus près de chez toi !! Au fait, tu trouveras les tartelettes Bonne Maman par ici...