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Monday, November 7, 2016

Une marina, comment dire?? ...

Nous avons hésité avant de trouver un qualificatif pour cette marina...

Si vous êtes à la recherche d'une marina où tout est au cordeau, où vous êtes au coeur d'une ville à la vie trépidante, où Yacht Clubs et autres activités foisonnent,  ne faites pas escale à Puerto Velero! 

En revanche,  si vous voulez être chouchoutés par du personnel qui n'a (presque) que vous à s'occuper,  si vous voulez être certains de trouver une place libre, si vous voulez partir en escapades terrestres en laissant votre bateau en toute sécurité, si vous avez un budget limité,  alors vous serez heureux ici.


Nous avons lu encore récemment des navigateurs en passage éclair la qualifier de "glauque". C'est faux!!! 

Regardez



La partie ''docks'' est nickel. Le personnel est présent et vigilant. Ils passent plusieurs fois par jour checker les bateaux, proprios présents ou pas. Quoique l'on ait besoin, ils se débrouillent pour vous solutionner le problème. Quitte à faire faire un aller retour de 200 km à un marinero pour aller vous chercher la pièce!  Et ce pour 6 euros!!







Le complexe est fermé,  gardienné H24. La police patrouille plusieurs fois par jour et nuit. Seuls les clients de la marina, des deux restaurants et des maisons à louer ont accès.  On se sent vraiment sereins pour laisser Ti'Amaraa.
Même nous, à chaque retour de courses ou balades, nous sommes priés de montrer patte blanche au poste de garde.  Bien que nous ne soyons que 3 bateaux habités dans la marina, ils ne plaisantent pas avec la procédure.

Maison à vendre ou à louer avec grande piscine
Maison à vendre ou à louer sans piscine... Mais...
...avec jacuzzi en terrasse 

Glauque, n'est-ce pas?

Les bureaux sont finis et une jolie piscine attend les plaisanciers pour des moments relax appréciés.

L'équipe administrative est toujours là pour vous assister avec le sourire : réservation bus, appel taxi...Etc...Etc...
Près de la piscine, un petit snack nous régalera de boissons fraîches pour moins d'un euros et même d'en-cas pour déjeuner toujours aux tarifs colombiens.



Concernant les formalités,  nous sommes arrivés un vendredi soir.  Le samedi, ils ont préparé pour nous l'ensemble de la documentation (liste d'équipage en espagnol...) et téléphoné aux autorités compétentes pour signaler notre arrivée. 
Le dimanche (!), un aller retour nous est organisé en voiture avec un gars bossant pour la marina au volant pour rencontrer l'officier d'immigration qui va tamponner notre passeport.(40 euros l'aller retour ) 
Alexander, notre charmant chauffeur, en profite pour nous faire faire un petit tour de la ville de Barranquilla. Il nous arrête gentiment à un bureau de change pour que l'on puisse retirer nos premiers pesos.
10 000 cop pour environ 3,10 euros.
On a plus d'un million dans le porte-monnaie. 
- Minouuu,  on est pété de thunes, ici!!!  

Un dimanche après-midi nous sommes donc reçus au ministère de l'immigration. Alexander nous accompagne, il s'occupe des papiers, fait office de traducteur espagnol/anglais lorsque l'on décroche. Nous n'avons plus qu'à présenter nos passeports et nos sourires.
Quel service!!! 


Ça a le mérite d'être clair...
On est tranquilles, on ne fume pas :-)

Le gars de permanence pourrait être taciturne d'être dérangé en week-end point du tout! 
En plus,  malgré plusieurs tentatives, l'enregistrement de notre arrivée sur le système informatique ne marche pas.  Il peste contre la technique.
Notre niveau d'espagnol ne nous permet pas de comprendre tout ce qu'il dit. Mais, on se dit que c'est mort et qu'on est bon pour revenir lundi. 60 km aller/retour pour rien.
Et bien, non! 
Si l'ordinateur le lâche,  notre agent a des ressources: la bonne vieille méthode à la main.

Nous repartons donc en passeports validés en poche, avec un charmant sourire du gradé et une poignée de main chaleureuse accompagnée d'un "Bienvenidos a Barranquilla " en prime. 

Sur le chemin du retour,  Alexander nous raconte un peu sa Colombie: les accords de paix, les Farcs, la vie quotidienne,  les radars automatiques sur l'autoroute (et oui ici aussi! ). Il aime son pays cela fait plaisir à voir.

Avant de nous ramener à bord, il nous propose un arrêt au supermarché pour faire un peu d'avito.  C'est pas de refus! 
Après une semaine de navigation et d'escales depuis Curaçao, les frigos crient famine.
Au lieu de nous déposer sur le parking, il vient avec nous pour nous guider dans les rayons et nos conseiller sur nos achats. Il n'est pas toujours évident de reprendre "ses marques" côté courses lorsque l'on arrive dans un nouveau pays.  Mais, c'est aussi une part du charme de la découverte et de l'immersion.

- Cette marque de thon en boîte est la plus économique. 
- Cette viande en barquette familiale est goûteuse et d'un bon rapport qualité/prix.
- Pour la bière colombienne, plusieurs marques se chamaillent le titre de la meilleure: Aguila, Club Colombia
- Sur ces biscuits, il y a une promo un acheté, un offert.
Ça, c'est du service!!! 
Il surveille même que la caissière applique les dites promos. 
Et Bing, elle ne nous fait pas le paquet de biscuits cadeau.
Non, mais...ça alors?!? 
Perso, on n'a rien vu, et ce n'est, somme toute, pas vital.
Notre ami ne l'entend pas de cette oreille.
- Comment ça, il faut qu'ils aient la carte de fidélité du magasin? 
- Voilà la mienne,  il faut leur déduire le prix.
On n'en demandait décidément pas tant.
Aucun supplément aux 40 euros prévus ne nous est demandé pour tous les détours et services rendus. Il aura tout de même passé tout un dimanche après-midi avec nous.

L'équipage est en règle, avito compris.  Pour le bateau, la marina se charge de toutes les autres formalités. Pour le moment,  nous n'avons rien payé d'autres que ces 40€.
À Barranquilla,  les autorités portuaires ont allégé la procédure. Nous ne savons pas dire s'il en est de même pour les autres ports d'entrée. Finies les inspections santé et environnementales, personne ne viendra inspecter Ti'Amaraa. Ça nous soulage pour Léon car nous avions lu que les plantes et la terre étaient peu appréciées.
- C'est bon Léon,  tu peux sortir de ta cachette. :-)

De même pour les Douanes, les agents peuvent passer vérifier la présence du bateau, éventuellement faire quelques photos, mais notre présence n'est pas nécessaire. Pour le moment,  nous n'avons vu personne. Seule particularité de cette procédure: faire authentifier sa signature sur le formulaire par un notaire public. En Colombie, il est encore d'usage de faire valider par un officiel la signature de documents tels que contrat de vente de véhicules... Etc. Des bureaux sont ouverts au public dans la plupart des villes et moyennant 2 euros par signature et une prise d'empreinte digitale, un agent délivre les autocollants et tampons officiels. Encore une nouvelle expérience ;-)
Comptez au moins 10 jours pour que le bateau soit en règle.

Alors certes, les abords de la marina ne sont pas paysagés. Certaines allées ne sont pas encore pavées. L'électricité (et donc le Wifi) est coupée quelques heures de temps à autre du fait des travaux ou de coupures générales.  Ceci dit un nouveau gros groupe électrogène est fonctionnel à présent et les ruptures de service deviennent épisodiques. 
La qualité du service, le confort de notre large place de port et le prix (moins de 12€ la nuit pour 2 mois) compensent largement. Nous nous sommes arrêtés ici pour une escale nettoyages et entretiens en tous genres du bord. Peu importe les abords, notre "to do" list après plus de 9 mois de mouillages,  nous occupe bien les journées.

Du haut du mât... 

En passant par toutes les housses de coussins, les oreillers...Etc...Etc...

Jusqu'au fond des cales 

Dernier outil du bord bien pratique pour finir d'aspirer l'eau de nettoyage dans les endroits à accès difficile: Drill pompe 

Sans oublier les vidanges moteur avec changement des impellers. Capitaines, pensez à acheter l'arrache-impeller correspondant à votre moteur
Avec cet outil, ça va tout seul ;-)


Cette marina est, il est vrai, excentrée. Ça y est, nous le tenons le qualificatif: une marina "roots".
Elle est à une trentaine de km de Barranquilla. Pour s'y rendre, il faut rejoindre l'autoroute en moto taxis et prendre le bus. Nous, ça nous amuse.



La ville la plus proche Puerto Colombia est à une dizaine de bornes.  Les courses peuvent s'y faire là avec aller-retour en moto taxis avec sacs à dos remplis... (promis Carine, là on met un casque). L'option voiture de location est aussi une solution...moins ''roots''. Cela dit, bien pratique pour refaire un plein de produits encombrants ou lourds.

Une petite communauté s'est formée par les trois seuls bateaux habités que nous sommes : Marjorie et Bill, un couple d'américains partis d'Alaska il y a 12 ans bouclant leur tour du monde, Mary et sa fille Coleen (14 ans), originaires d'Oklahoma voyageant seules sur leur voilier depuis 8 ans. L'ambiance village est au Rdv. On adore. On se file des coups de main, on échange des infos ou des recettes. Les américains aiment la cuisine française: cours de quiche lorraine et de mousse au chocolat au programme.

Cadeau de Coleen revenant d'une pause piscine 
Super sorée Halloween 🎃 sur Second Wind

Mousses au chocolat spéciales Halloween
by Ti'Amaraa 

Au delà d'une marina, Puerto Velero est aussi une grande plage où les barranquillais aiment venir passer le week-end.  L 'eau, même autour de notre bateau, est propre. Nous pouvons même de temps à autre voir le fond et des poissons coralliens flirtant avec nos coques. 

Il est plaisant de voir toutes ces familles installées à l'ombre des petites paillottes sur la grande langue de sable.

Un grand complexe est en construction à terre. Déjà des petites maisons individuelles au bord ou sur l'eau sont disponibles. De même,  un immeuble ''appart-hotel" sort de terre.



Nous sommes prêts à parier que dans quelques années,  ce petit coin de quiétude sera méconnaissable.  Le coût de cette marina va évoluer. Nous aurons profité de sa jeunesse.

Au fait, elle ne vous dit rien cette plage? 
Pourtant vous l'avez certainement déjà vue? 




Et oui!!! C'est ici qu'a été tourné le dernier clip de la célèbre fille du pays.


(https://youtu.be/-UV0QGLmYys)

Ps: Shaki et Carlos, pour votre prochaine visite avec ou sans bicycleta, venez boire un café sur Ti'Amaraa.  On est au dock D!!! 

Thursday, October 20, 2016

Part 3: Des cinq baies à Puerto Velero

Initialement, nous pensions quitter le mouillage vers 22h pour traverser le golfe de Santa Marta de nuit et nous présenter à Barranquilla au petit matin.

Après plusieurs jours de navigation et d'escales sur cette côte colombienne, nous nous sommes rendus à l'évidence que les journées étaient nettement plus stables côté météo que les nuits. Sur la région Nord,  les orages violents sévissent presque toutes les nuits.
De plus,  nous avons envie de profiter de cette navigation et qui sait, peut-être verrons nous les pics Bolivar et Colomb enneigés.  Ce serait LA chose à ne pas rater de la mer des Caraïbes. 

Une fois toutes les données d'entrée compilées:

nav de jour au max + 60 nm à faire + courants contraires à prévoir + arrivée à Puerto Velero de jour = nouveau programme :

- Réveil à 2h30 du mat
- Départ à 3h
- Estimation d'arrivée à l'embouchure de la Magdalena vers 12h
- Estimation d'arrivée à Puerto Velero vers 15/16h

En voilà,  une chouette mission !

Lorsqu'à 3h, nous sortirons de notre baie protégée nous ne regreterrons pas notre choix.
À bâbord, d'où l'on vient, le festival des éclairs est encore au Rdv.
À tribord, où l'on va, le ciel est dégagé. Notre amie la lune pleine nous ouvre la voie.



Sur cette dernière nav avant quelques semaines de repos à la marina, Ti'Amaraa se la joue Diva.
Toute la garde-robe,  absolument toutes les voiles dans toutes les configurations ont été sorties.
Eole nous a servi toutes les allures et toutes les forces de vent, histoire de ne pas nous ramollir.
Du portant sous Parasailor,  du près sous GV et Génois, une zone avec un vent de travers à 30/35 nds nous obligeant à prendre un ris puis à nouveau du portant et du travers tranquilou pour finir sous code zéro et GV (relâchée). 
Aucune manoeuvre ne nous aura été épargnée.  Décidément la route pour la Colombie est intense.

Au soleil levant,  nous profitons d'un calme pour prendre notre petit déjeuner face à la Sierra Nevada.



Alors Oui! On voit bien ces deux pics majestueux de presque 5900 mètres d'altitude du large.
Et Oui! On distingue clairement les neiges éternelles sur leur sommet.
Enfin ''clairement"...avec avec de bonnes jumelles de là où nous sommes.

Il faudra, pour le coup nous croire sur parole car on a essayé d'immortaliser le moment mais ce n'est vraiment pas net. 
Cette histoire de neige nous aura bien amusé.  On l'aura cherchée. On se sera même préparés, vous l'avez certainement vu dans le bonus de la vidéo. La case de l'office du tourisme nautique by Ti'Amaraa est cochée. 

Le summum restera pour nous le fameux passage de la Boca de Ceniza, l'embouchure de la Magdalena au niveau de Barranquilla.


Barranquilla Skyline ;-)

Avant toutes choses,  on confirme qu'il faut ABSOLUMENT le passer de jour. Le plan d'eau est jonché de débris en tous genres charriés par le fleuve, principalement végétaux.  Nous croiserons ''la route'' de troncs d'arbres aussi longs que Ti'Amaraa flottant entre deux eaux.
Après le festival de Cannes et ses flashs, la Foire du tron(c).


Y'a quoi là dessous??? 

Le vert émeraude de la mer des Caraïbes s'assombrit au fur et à mesure de l'approche. On distingue bien à l'horizon la ligne de démarquation entre le vert (déjà bien chargé)  et le marron terre de l'estuaire. 
Pendant des miles, nous nous frayerons un chemin en zigzaguant parmi les obstacles flottants et les gros cargos en manoeuvre d'entrée au port sur cette eau saumâtre n'invitant pas à la baignade.


Marron... Droit devant! 

Le vent faible (10 nds) et le peu de houle nous permettent de faire un maximum de route sous voile. Nous voulons éviter autant que possible d'utiliser les moteurs dans ce bourbier.



C'est sans compter sur les courants induits par ce mélange des eaux. Au plus fort,  nous aurons presque 3 nds de courant contre vent, houle et route. Nestor, notre pilote, a beau faire des merveilles. Il s'essouffle et a du mal avec le peu de vitesse résiduelle à contrer la dérive.  Comme on l'excuse.
Une fois propulsé par nos deux Yanmar, Ti'Amaraa reprend sa route et une allure normale.
En revanche, après la Boca,  en continuant vers Puerto Velero,  on vivra plus de 2 nds de courant favorables.  Youpi !!! Ça pulse !!

Nous retrouvons petit à petit une jolie eau. Après les dunes de sable des Caps, la forêt tropicale des cinq baies, la chaîne de montagne de Sierra Nevada, nous longeons, à présent, une côte vallonnée verdoyante parsemée de jolis petits villages aux jardins vert gazon. Serions nous arrivés en Normandie équatoriale ?
La Colombie a une multitude de facettes.

À l'approche de Puerto Velero, la cartographie est out!!!  C'est une première. Il nous est arrivé de noter quelques décalages en particulier en dehors des sentiers battus comme aux Aves. Mais ici, c'est toute une langue de terre qui n'apparaît ni sur nos Navionics,  ni sur Opencpn. En arrivant du Nord, d'après elles on pourrait tracer direct sur la marina. C'est faux!  Les petites déferlantes nous confirment bien au contraire que la langue meurt doucement dans la mer et qu'il faut prendre l'entrée balisée bien sud.
Nous savons pourquoi nous nous sommes levés de bonne heure.

Entre Ti'Amaraa et Puerto Velero, le trajet le plus court n'est PAS la ligne droite! Sauf avec des roulettes 

Terre à bâbord! 

Il est 14h30 lorsque l'on pointe nos coques entre les deux bouées d'entrée du chenal de la marina.
Un mélange de sentiments étrange nous envahit.
Heureux, tout d'abord, d'avoir passé sans la moindre casse ces fameux Caps et les pièges de cette côte.
Excités d'arriver et de préparer notre escale sudaméricaine.
Tristes aussi que la route s'arrête. Comme pour la transat,  nous vivions dans une telle bulle fusionnelle tous les deux avec Ti'Amaraa et les éléments qu'il est toujours étrange lorsqu'on la crève et qu'il faut retourner ''à la civilisation''.
Cette semaine restera la navigation la plus technique et la plus exaltante depuis notre départ.  Nous lui attribuons la deuxième place au palmarès des nav' de notre coeur juste derrière la transatlantique. 

Ainsi s'achève près de 700 miles  nautiques d'une route intense en émotions, riche en panoramas, attachante aux premiers contacts et complète en manoeuvres.
Un petit film récap a été mis en ligne,  il y a quelques jours,pour ceux qui l'aurait loupé.



Une question nous taraude : 
Mais où sont les bateaux de voyage ?
Nous n'avons croisé AUCUNE voile lors de cette longue nav' alors que nous sommes dans la bonne saison, dans une fenêtre météo adéquate et sur la route sud classique pour continuer vers l'ouest.
La marina est par ailleurs quasiment vide. Du fait de sa jeunesse, elle est méconnue des navigateurs. Nous y consacrerons un article plus tard. 




Est-ce les âmes chagrines, en alimentant Radio Ponton de faux commentaires sur ce pays,  qui découragent des candidats ?
Amis navigateurs,  vous pouvez venir dans ces eaux sans crainte.
N'en déplaise à l'un des reporters en chef de cette radio  qui nous a dit il y a encore quelques semaines à peine :
- En Colombiiiiie !!!
- Faut pas y aller.... 
- Et faut surtout PAS mouiller sinon c'est une balle dans le corps. 

Vies avec ton temps Pépère...
Arrêtes de regarder des films sur le cartel de Medelin et Pablo Escobar.

Le monde change ;-)...

        ... Et nous nous régalons de le traverser


Wednesday, October 19, 2016

Part 2 : De Cabo de la Vela aux 5 baies



Lever de soleil: top départ pour 120 nm


Une chose est certaine nous n'oublierons jamais ces 24 heures ou plutôt cette nuit. 

Tout a commencé par une belle journée ensoleillée de grand bonheur à la voile entre portant sous Parasailor et travers sous GV et Code Zéro accompagnés par des dauphins gracieux et des dizaines de papillons légers virevoltant autour de Ti'Amaraa. Nous filons à 8 nds sur une mer peu formée poussés par un souffle jamais rafaleux établi à 15 nds.
Le kiff total. 




C'est à la tombée de la nuit vers 20h que le climat de béatitude ambiant laisse place à l'adrénaline.  Face à nous, on se croirait aux marches de Cannes sous les feux des paparazzi. L' horizon est illuminé de flashs ininterrompus. Les orages sont loin mais on se dirige droit sur eux ou ceux sont plutôt eux sur nous...Seront ils désagrégés d'ici là ?
Pas de place pour l'improvisation, on prépare notre catamaran en conséquence. L' alizé ne doit d'ailleurs pas aimé les orages car il nous fait subitement faux bond. Ceux sont dans de tels moments que nous sommes contents d'avoir nos deux moteurs et nos 400 litres de gasoil.  En les utilisant alternativement notre autonomie est grande.
Ti'Amaraa est prêt,  nous aussi.  À quelle sauce va t'on être croqués ?
Nous observons la lune et les étoiles disparaître derrière un ciel de plus en plus obscur ne faisant plus qu'un avec la mer. Nous avançons vers un mur noir zébré d'éclairs. 
Au même moment,  deux hirondelles viennent se réfugier sur notre roof,  un poisson volant se suicide sur notre pont et nos copains les dauphins reviennent nous escorter.  Leurs corps fuselés soulignés par les rais de planctons luminescents glissent dans cette mer d'encre. 
Ti'Amaraa ou l'arche de Noé avant le déluge.  Heureusement les éléphants et les girafes ne savent pas nager.
Nous passerons la nuit cernés par les grains et les orages.  Les éclairs courent d'un nuage à l'autre au dessus de nos têtes avant de finir leur chemin dans la mer.
L 'air est un grondement incessant de salves de tonnerre.
On reprend nos cours élémentaires de physique. 
''Lorsque la foudre va du nuage vers le sol, elle emprunte le chemin le plus court et frappe donc généralement le point le plus élevé de ce dernier''
- Euuh...le point le plus haut sur l'eau à des miles à la ronde ce ne serait pas notre mât ?
Gloupsss... 
''la vitesse du son est de 346,3 mètres par seconde dans de l'air à 25 degrés. ''
- 1, 2, 3, 4... Oupsss moins de 5 secondes ce coup-ci. 
Ça se rapproche !
Allez hauts les coeurs,  ça va le faire. 
L'électricité dans l'air ne pénètre cependant pas notre bulle. Nous sommes attentifs, concentrés mais nous ne ressentons pas de quelconque panique. De toutes manières,  à quoi bon? On y est, il faut tenir le cap.
Les moments de repos dans la cabine n'en sont pas vraiment ni pour l'un ni pour l'autre. Les quarts de veille se font les rétines incrustées des flashs de foudre alentours. Les éléments bien que déchaînés n'en sont pas moins magnifiques.
Tout se passera bien, aucune décharge ne viendra se frotter à notre paratonnerre Selden.
Pour vous imaginer juste l'ambiance (bien que vous l'ayez vu en vidéo) ,  il fait nuit noire. Le vent souffle dans tous les sens. La girouette danse la gigue mais l'anémomètre reste dans des valeurs gérables. Notre catamaran tente de se faufiler sur une mer désordonnée et hachée. Nous sommes chahutés pendant des heures dans tous les sens arrosés de trombes d'eau à intervalles réguliers. Nous ne voyons plus où nous allons. Autour de Ti'Amaraa, l'horizon se résume à un rideau d'eau blanc sur fond d'ébène. Vive les instruments !!
Merci aussi notre option toiles de tour de cockpit.  Il est vrai que depuis que l'on est en mer Caraïbe on les utilise beaucoup moins mais dans de telles circonstances, cela rajoute de la quiétude lorsque l'équipage n'est pas trempé jusqu'aux os. 
Le répit n'arrivera que vers 3 heures du matin, soit près de 6 heures d'une intensité de pluie et de foudre jamais rencontrée jusqu'à présent . C'est long !! Vraiment rien à voir avec nos orages d'été métropolitains. Nous savourerons le retour de conditions normales en nous partageant les 3 heures de navigation restantes en un sommeil profond.
L' odeur du pain frais au four au réveil et le panorama époustouflant des 5 baies et de la Sierra Nevada auront raison de notre fatigue et de nos émotions. 




Nos narines sont immédiatement titillées par les odeurs de verdure tropicale humide, les parfums des fleurs cachées sur ces vallons et le fumé du café des baraquements de pêcheurs. Bienvenus en Colombie. 
Nous avons la sensation d'évoluer sur un lac de montagne tant le plan d'eau est apaisé. 
Après avoir testé les deux premières ensenadas Cinto et 
Neguange (trop rouleur), nous jetons notre dévolu (non, ce n'est pas une nouvelle ancre ;-)) sur l'ensenada Gayraca.






 Le mouillage y est nettement plus serein, le havre de tranquillité recherché pour nous reposer toute la journée avant de reprendre la route le lendemain. 


Comme au Cabo de la Vela, les barques de pêcheurs font les curieux autour du seul bateau à l'ancre que nous sommes. 
Sourires et pouces levés en guise de comité d'accueil,  que demander de plus ?

Le soir, Ti'Amaraa est la seule lueur sur l'eau. À terre, on distingue une petite loupiote dans la cabane des pêcheurs sur la plage et une autre dans la jolie hutte au toit de pandanus que nous avons remarquée en entrant dans la baie le matin.
Des Colombiens urbains ou des touristes viennent passer la nuit lovés dans des hamacs bercés par le calme dans ces petits écrins en pleine nature. 



Dans les plus cachées et les plus luxueuses de ces écohabs du parc national Tayrona, des célébrités s'y réfugierait régulièrement. On aura beau se balader dans toutes les ensenadas, point de Shakira. 

Et si c'était elle, cette blonde qui n'a pas voulu se faire photographier? 


À chaque changement de baie,  notre catamaran est accompagné par des bancs de gros dauphins,  probablement mandatés par les Cost Guards ou les Douanes. Nous n'avons en effet toujours pas fait nos formalités d'entrée (prévues à Puerto Velero).  Nous sommes  donc des migrants illégaux mais ça ne semble perturber personne. 

C'est avec regret que nous levons  l'ancre de ce parc réputé pour être la plus belle région de la côte atlantique colombienne.
Nous avons prévu de visiter la dernière baie avant de tracer vers la ville: Santa Marta. 
Grave erreur !!!
L'ensenada Bonito Gordo et les huttes vestiges de l'ancien village indien nous attendent. Il se dégage de cette petite anse bordée d'une plage de sable blanc une atmosphère qui nous séduit tous les deux dans la seconde où l'on présente nos étraves.



Un peu comme lorsque nous sommes arrivés de transat,  nous ne sommes pas pressés de retrouver l'agitation des grandes villes portuaires.
Ces baies sont tellement uniques qu'elles méritent bien une nuit de plus, non ?
Encore une petite baignade dans cette eau vert clair qui n'est PAS du tout froide !! (encore une fausse vérité véhiculée par radio ponton).

Tant pis pour le mouillage de Santa Marta.  On ira découvrir la ville peut être plus tard par la route.

Une dernière nuit seuls au monde avant de reprendre la route pour la troisième, et ultime partie, vers Barranquilla et la marina de Puerto Velero. 

Ps: Bilan de l'arche de Noé by Ti'Amaraa 
Les dauphins voguent toujours. 
Le poisson volant raidi a été rendu à la mer.
Une hirondelle s'est envolée de notre roof saine et sauve au petit matin vers la côte en laissant malheureusement sa coéquipière allongée contre notre chariot de grande voile.

Ps2: sympa les oiseaux mais ils de sont bien ''oubliés'' sur le roof.... La trouille sans doute. 

Ps3: À l'heure où nous finissons d'écrire ces lignes dans ce dernier mouillage des 5 baies, l'orage gronde tout autour de nous. Malgré la nuit, nous y voyons comme en plein jour.
Heureux de ne pas être en nav' pour participer au festival d'éclairs et de tonnerre joué encore une fois ce soir. Sacré climat sur la Sierra Nevada !