Sunday, February 12, 2012

Celle d'avant



Il y a 10 ans, j'écoutais Radio Nova et je lisais les Inrocks, j'étais amoureuse d'Edouard Baer et découvrais Vincent Delerm. Olivia n'était pas encore Ruiz, Benjamin Biolay chantait Rose Kennedy et Henri Salvador était brusquement reconnu. On nous parlait de 8 femmes.

Il y a 10 ans, je vivais chez mes parents, nous buvions du thé vert pour tromper l'ennui et lisions le journal avant de dîner. Le soir, nous sortions marcher un peu.

Il y a 10 ans, je mangeais de la soupe de légumes au déjeûner et j'avais faim à l'heure du goûter. Je ne savais pas vraiment cuisiner.

Il y a 10 ans, j'allais rejoindre mes copines à Paris et Serge dans un petit cinéma des Yvelines. Je me souviens d'un film d'Almodovar, il avait été ému, j'avais retenu une larme.

Il y a 10 ans, il fut un jour question de traverser l'Atlantique.



Aujourd'hui, asssise sur une banquette blanc cassé dans une boutique qui invite à l'introspection et à la mélancolie, je cherche un endroit où poser mon latte. Dehors, la neige a cessé de tomber. A mes pieds, une table basse sur laquelle sont posés quelques livres. Je feuillette distraitement un épais volume consacré au jardinage en Italie lorsque je reconnais le gilet moutarde que porte la femme en couverture d'un ouvrage au coin de la table. Il s'agit du deuxième volume de Kinfolk, ce même numéro dont Patoumi faisait, il y a quelques jours seulement, la délicieuse évocation. On y parle de thé oolong et de familles encore endormies, de couvertures en laine et d'une collecte de miel. Dans Kinfolk, le quotidien est source de plaisir, même en plein hiver.

Jonathan ne s'en doute pas mais, à cet instant précis, je revois brusquement celle que j'étais, avant, celle qui aurait peut-être découvert Kinfolk en lisant les Inrocks, qui serait allée voir un film coréen en VO dans une salle de cinéma à moitié remplie et qui acceptait de se laisser abandonner dans les pages d'un livre de Martin Page. Je repense à ces dix dernières années, où la poésie a parfois du faire place au pragmatisme.

Je sais que mon quotidien ne ressemblera jamais exactement aux pages du magazine Milk. Je sais aussi que celle que j'étais, il y a 10 ans, est toujours un peu là. Elle s'est juste un peu endormie, voilà tout. A partir d'aujourd'hui, je vais la laisser mettre un peu de Kinfolk dans ma vie.

Thursday, February 9, 2012

Chickpea noodle soup



Jonathan a longtemps cru qu'il n'aimait pas les pois chiche. Il leur reprochait une texture farineuse et une saveur sans intérêt. A une époque, ils me satisfaisaient, sans plus. Je les tansformais en houmous d'un coup de blender ou je les mangeais avec du boulghour, sans trop me poser de question. Ces pois chiche-là avaient un point commun : ils sortaient tout droit d'une boîte de conserve. Je savais que les pois chiche secs étaient meilleur marché (et meilleur tout court, à vrai dire) mais leur longue préparation m'intimidait.

Un jour, trois lettres majuscules, B, P, A, sont venues changer la donne et c'est grâce à elles que je connais aujourd'hui le plaisir de croquer dans un pois chiche fraîchement cuit. Le BPA, j'en ai déjà parlé ici, est un composé chimique que l'on retrouve dans le revêtement des boîtes de conserve et que l'on accuse de provoquer des dérèglements hormonaux. Très peu pour moi.

Un jour, j'ai donc acheté un petit sac de pois chiche dans le magasin bio du coin. Je les ai faits tremper, je les ai faits cuire et je les ai goûtés. Ces pois chiche n'avaient que le nom de commun avec leur cousins en boîte. Leur cœur était tendre mais pas farineux. Le sel, ajouté en fin de cuisson, révélait des notes sucrées jusqu'alors insoupçonnées. Ces pois chiche, à ma grande surprise, se suffisaient à eux-mêmes. Le lendemain, je partageais ma révélation avec une collègue, qui m'a retourné un sourire poli. Tant d'excitation pour des pois chiche ?

Aujourd'hui, je cuisine régulièrement les pois chiche secs. Je les achète en gros sur Amazon et j'en fais tremper 450 g dans la nuit du samedi à dimanche. Le matin suivant, je les rince puis les place dans une grande casserole remplie d'eau. Je porte à ébullition, j'écume la surface de l'eau et laisse mijoter 1h à 1h30 en fonction de la fraîcheur des pois chiche et de la texture recherchée. Je sale en fin de cuisson, à raison d'une cuillère à soupe de sel pour 450g de pois chiche secs. J'égoûte et laisse refroidir dans un grand bol. J'obtiens de cette manière l'équivalent de trois à quatre boîtes de pois chiche. Les pois chiche ainsi cuits se conservent une semaine au réfrigérateur. Ils se congèlent aussi très bien.

A la maison, nous sommes donc devenus de grands consommateurs de pois chiche. Ma fille les adore en purée dans le houmous, tandis que Jonathan et moi les aimons, entre autres, dans cette chickpea noodle soup qui nous réchauffe les soirs d'hiver.

Chickpea noodle soup

Ingrédients
1 cuillère à soupe d'huile d'olive
1 oignon pelé et finement émincé
2 carottes pelées et coupées en dés
2 branches de céleri coupées en petites rondelles d'un demi cm
2 gousses d'ail pelées et émincées
480 mL (4 cups) de pois chiche cuits (l'équivalent de 2 boîtes)
3-4 poignées de petites pâtes cheveux d'ange
1 à 1,5 litre de bouillon de poule maison (j'insiste !), en fonction de ce que vous avez sous la main et de la consistance souhaitée
Préparation

Faire revenir l'oignon, la carotte, le céleri et l'ail à feu moyen dans l'huile d'olive pendant 10 minutes en remuant régulièrement. Ajouter les pois chiche et le bouillon puis porter à ébullition. Laisser mijoter 5 minutes, ajouter les pàtes et poursuivre la cuisson pendant 2 min. Vérifier la cuisson des pâtes, laisser reposer 1-2 min hors du feu si nécessaure. Rectifier l'assaisonnement et servir bien chaud !

Qu'on se le dise

J'ai plusieurs fois essayé de faire cuire les pois chiche dans ma mijoteuse (slow cooker) mais je trouve les pois chiche encore trop secs malgré un trempage d'une nuit suivi de 9 heures de cuisson.

Aux Etats-Unis, seule les conserves de la marque Eden Foods ne contiennent à ma connaissance pas de BPA.

Sunday, January 29, 2012

Au supermarché turc : feuilles de güllaç



Si vous allez en Turquie pendant le Ramadan, je vous conseille de commander une part de güllaç (prononcer gul-latch) dans un café. C'est un dessert léger à base de lait qui conclut traditionnellement les dîners de Ramadan. Sa préparation est extrêmement simple : on fait bouillir un mélange de sucre et de lait que l'on verse ensuite entre deux feuilles de güllaç, de très fines feuilles composées de farine et d'amidon. Lorsque le dessert a refroidi, on y découpe des petites parts en forme de losanges que l'on saupoudre de pistaches moulues puis que l'on accompagne parfois de glace au mastic. C'est délicieux et, parait-il, très doux sur le système digestif après une longue journée de jeûn. Un paquet de feuilles permettant, je pense, de préparer assez de güllaç pour nourrir les habitants d'un immeuble, je vous conseille de vous en tenir éloigné à moins de vouloir une excuse de faire connaissance avec vos nouveaux voisins.

Sunday, January 22, 2012

Au supermarché turc : şalgam



Et si je vous laissais deviner ce qui se cache dans cette bouteille ?

Allez, vous avez le droit à trois essais.

Du jus de fruit ? Non.
Du thé en bouteille ? Vous n'y êtes pas !
Du jus de légume ? Hum... En quelque sorte.

Ce qui se cache dans cette bouteille, c'est une boisson que l'on appelle şalgam (prononcer "chalgam") issue de la fermentation de carottes violettes et de navets. Traditionnellement dégustée fraîche dans le sud de le la Turquie en accompagnement du fameux Adana kebap, la boisson est disponible en bouteille dans le reste du pays et c'est d'ailleurs ainsi que je l'ai découverte. Au supermarché, on en trouve deux versions, l'une sucrée, l'autre pas. Dans sa version sans sucre, le şalgam a un goût discret qui rappelle le jus des pickles (concombres fermentés) américains. C'est peu acide et, dégusté froid, très rafraichissant. La saveur de carotte y est indédectable. Fraichement préparé, on prête au şalgam des vertus thérapeutiques sur le système digestif. Embouteillé, je suis tentée de penser qu'il s'agit d'une autre histoire et pas seulement à cause du conservateur qui s'y cache (bonjour à toi, benzoate de sodium !).

Sunday, January 15, 2012

Au supermarché turc : la pâte de noisettes



70% de noisettes, 30% de sucre et un soupçon de vanille, c'est la recette d'une purée 100% gourmande qui réveillera vos petits déjeûners et s'invitera à vos goûters. Cette pâte de noisettes (fındık ezmesi en turc) est assez sucrée et un peu dure à tartiner mais pas assez pour décourager Jonathan qui aime la déguster sur ses bagels toastés. Moi, je la trouve surtout intéressante en pâtisserie, où elle peut remplacer le beurre et une partie du sucre. En Turquie, où le beurre n'est pas bon marché, j'ai d'ailleurs utilisé la purée dans un clafoutis aux poires que j'ai servi à ma famille. Je ne l'ai pas encore mariée à du cacao ou du chocolat mais quelque chose me dit que je me régalerais. C'est une idée cadeau gourmande peu coûteuse, comptez 3€ environ pour un bocal, qui prend peu de place dans la valise... Faites-moi confiance là-dessus !

Monday, January 9, 2012

Soupe de verdure au curry



Pour encourager ma famille à manger sain, je n'ai pas 36 astuces mais une arme secrète redoutable : la soupe ! Le dimanche matin, alors que nous venons à peine de finir nos pancakes (ça, c'est quand je suis de bonne humeur), je réfléchis déjà à ce que je vais pouvoir servir à déjeûner. Quel que soit cependant le menu, je me débrouille toujours pour y inclure une soupe. Nous avons bien sûr nos préférees, comme la soupe de lentilles corail ou encore celle aux haricots blancs, mais j'aime surprendre la tablée en proposant régulièrement de nouvelles saveurs. Hier, par exemple, je me suis laissée guider par le contenu de mon congélateur pour concocter une recette pleine de vitamines : poireaux, épinards et petits pois surgelés se sont mêlés à un reste de purée de courge, quelques dés de pommes de terre et un soupçon de curry pour réchauffer et régaler toute la maisonnée. Voilà une recette que je vais m'empresser de noter dans mon nouveau carnet vert.

Soupe de verdure au curry

Ingrédients pour 4 à 6 personnes
1 cuillère à soupe d'huile
1 noisette de beurre
2 blancs de poireaux coupés en rondelles ou l'équivalent en surgelés (1 cup)
250 g d'épinards surgelés, soit la moitié environ d'un sachet de 16 oz (2 cups environ)
240 mL (1 cup) de petits pois surgelés
1 pomme de terre pelée et coupée en dés
120 à 240 ml (1/2 à 1 cup) de purée de courge au choix (facultatif)
2 cuillères à café de curry en poudre
1 litre d'eau ou de bouillon de légume
Sel, poivre
Préparation

Dans un grand faitout, faire fondre le beurre dans l'huile d'olive à feu moyen. Ajouter les poireaux et les faire revenir avec 1 cuillère à café de sel jusqu'à ce qu'ils commencent à dorer. Ajouter les épinards, les petits pois et le curry en poudre et laisser cuire 30 secondes. Ajouter les pommes de terre coupées en dés, la purée de courge ainsi que l'eau ou le bouillon et porter à ébullition. Laisser mijoter 20 minutes ou jusqu'à ce que les pommes de terre soient tendres. Mixer, rectifier l'assaisonnement et servir bien chaud.

Qu'on se le dise

J'achète mes légumes surgelés chez Trader Joe's, leur rapport qualité prix est excellent. Pour le bouillon, je reste fidèle à celui de la marque suisse Marigold que je trouve chez Amazon.

La courge n'apporte ni saveur, ni couleur à cette soupe, elle permet simplement d'en enrichir la qualité nutritionnelle et, accessoirement, d'écouler un reste de purée orange !

Wednesday, January 4, 2012

Salade de kale



Nouvelle année, nouvelles envies.

Envie d'ôser : la couleur.
Envie d'apprendre : la couture.
Envie d'organiser : la maison.

En 2012, je vous souhaite d'avoir envie. Envie d'essayer, de tenter. Envie de changer, d'évoluer. Envie de goûter et d'aimer ! Moi, j'ai surtout envie de vous donner envie, de découvrir de nouveaux produits, de nouvelles saveurs. En ce début d'année, je vous propose donc de goûter à une salade à base de kale, ce chou que l'on dit pour lapin nain. Cette salade est un excellent moyen de faire connaissance avec un légume pas très sexy, aux tiges rigides et aux feuilles coriaces. Un massage à l'huile et au sel permet cependant d'en attendrir les feuilles, tandis qu'une pointe de sirop d'érable dans la vinaigrette en dompte l'amertume. Habillé ainsi pour l'hiver, c'est un légume que je vais revoir au cours des prochains mois, pas vous ?

Kale salad (d'après Vegetarian Times, October 2010)

Ingrédients
2 bottes de feuilles de kale dont on aura ôté les tiges et qu'on aura coupées en rubans
2 cuillères à soupe d'huile d'olive
1 cuillère à soupe de vinaigre de cidre
1 cuillère à café de sel
3 à 4 poignées de noix de pécan, de préférence grillées, ce sera plus croquant
3-4 carottes pelées et râpées
1 gros navet pelé et râpé

Pour la vinaigrette :
2 cuillères à soupe de jus de citron
1 cuillère à soupe d'huile d'olive
1 cuillère à soupe de sauce soja
2 cuillères à café de sirop d'érable ou d'agave
Prėparation

Placer les rubans de kale dans un grand bol avec l'huile d'olive, le vinaigre et le sel et masser pendant 2 à 3 minutes ou jusqu'à ce que le volume des feuilles diminue au moins de moitié. Laisser reposer 30 minutes.

Pendant ce temps, mélanger tous les ingrédients de la vinaigrette dans un petit bol, verser sur les feuilles puis ajouter les carottes et le navet râpés. Parsemer de noix de pécan et déguster.